jeudi 3 décembre 2009

Quelques extraits du film

Narrateur : Le trois Septembre 1974 à 18 heures 28 minutes et 32 secondes, une mouche bleue de la famille des Calliphoridae capable de produire 14 670 battements d'ailes à la minute se posait rue saint Vincent à Montmartre. A la même seconde à la terrasse d'un restaurant à deux pas du moulin de la galette, le vent s'engouffrait comme par magie sous une nappe, faisant danser les verres sans que personne ne s'en aperçoive. Au même instant, au cinquième étage du 28 de l'avenue Trudel dans le neuvième arrondissement. Eugène Colère de retour de l'enterrement de son meilleur ami Emile Maginot en effaçait le nom de son carnet d'adresses. Toujours à la même seconde un spermatozoïde pourvu d'un chromosome X appartenant à monsieur Raphaël Poulain se détachait du peloton pour atteindre l'ovule appartenant à madame Poulain née Amandine Fouet. Neuf mois plus tard naissait Amélie Poulain.

Narrateur : Amélie a six ans. Comme toutes les petites filles, elle aimerait que sont père la serre dans ses bras de temps en temps. Mais il n'a de contact physique avec elle qu'au cours de l'examen médical mensuel. La fillette, bouleversée par cette intimité exceptionnelle, ne peut empêcher son coeur de battre la chamade. Dès lors son père la croit victime d'une anomalie cardiaque.

Narrateur :Le seul ami d'Amélie s'appelle le Cachalot. Malheureusement l'ambiance familiale a rendu le poisson rouge neurasthénique et suicidaire.

Narrateur : Et puis un jour c'est le drame. Comme chaque année Amandine Fouet emmène sa fille brûler un cierge à notre dame afin que le ciel lui envoie un petit frère. La réponse divine intervient trois minutes plus tard. Hélas, ce n'est pas un nouveau né qui tombe du ciel mais une touriste québécoise Marguerite Bouchard résolue à en finir avec la vie. Amandine Poulain, Née fouet, est tuée sur le coup.

[Amélie veut donner de l'argent à un SDF]
Le SDF : Non merci ma p'tite dame je travaille jamais le dimanche.

Narrateur : Amélie continue à se réfugier dans la solitude. Elle prend plaisir à se poser des questions idiotes sur le monde ou sur cette ville qui s'étend là sous ses yeux. Combien de couples par exemple sont-ils en train d'avoir un orgasme à cet instant précis.
Amélie : Quinze.

Amélie :Je suis la Belette de personne.

Collignon : Tenez, vous n'avez qu’à aller voir ma mère. Elle a une mémoire d’éléphant ma mère. Eléphant d'mer. Ohohohoh.

Amelie [se présentant] : Amélie poulain. Je suis serveuse aux...
Dufayel : Aux deux moulins. Je sais. Et là, vous rentrez bredouille... de la chasse au Bretodeau. Parce que ça n'est pas "do". C'est "to"! comme "toto".
Amélie [Dufayel lui donne un verre d'eau] : Merci. J'aime beaucoup ce tableau.
Dufayel : C'est le dejeuner des canotiers... de Renoir ! Voila, j'en fais un par an depuis 20 ans. Le plus dur ce sont les regards. Parfois j'ai l'impression qu'ils changent exprès d'humeur. Mais dès que j'ai le dos tourné !
Amélie : Là ils ont plutôt l'air content de la vie.
Dufayel : Bah ils peuvent ! Cette année ils ont eu du lièvre aux morilles... Et des gauffres à la confiture pour les enfants.


Dufayel : Et bien après toutes ces années, le seul personnage que j'ai encore du mal à cerner, c'est la fille aux verre d'eau. Elle est au centre, et pourant, elle est en dehors.
Amélie : Elle est p'tet seulement différente des autres.
Dufayel : Ah, et en quoi ?
Amélie : Je sais pas.
Dufayel : Quand elle était petite, elle ne devait pas jouer souvent avec les autres enfants... Peut-être même jamais. Tenez : Dominique BreTOdeau, 27 rue mouffetard. C'est pour vous.

Narrateur : Ce matin, comme tous les mardi matin, Dominique Bretodeau est parti pour acheter un poulet fermier. En général, il le fait au four avec des pommes-sautées. Après en avoir découpé les cuisses, les blancs, et les ailes, sont plus grand plaisir sera de décortiquer la carcasse encore brûlante avec les doigts, en commençant par le sot-l'y-laisse. Et bien non. Pas du tout. Aujourd'hui Bretodeau n'achètera pas de poulet. Il n'ira pas plus loin que cette cabine téléphonique, là.
[Bretodeau ouvre sa boite à souvenirs et se met à pleurer] [...]
En une seconde, tout revient à la mémoire de Bretodeau. La victoire de Fédérico Bahamontes dans tour de France 59 ; Les combinaisons de la tante Josette ; Et surtout, cette journée tragique. Cette journée tragique, où il gagna toutes les billes de la classe à la récré.

Dominique Bretodeau : C'est drôle la vie. Quand on est gosse, le temps n'en finit pas de se trainer, et puis du jour au lendemain on a comme ça 50 ans. Et l'enfance tout ce qui l'en reste ça tient dans une petite boite. Une petite boite rouillée.

Narrateur : Amélie a soudain le sentiment étrange d'être en harmonie totale avec elle même. Tout est parfait en cet instant: la douceur de la lumière, ce petit parfum dans l'air, la rumeur tranquille de la ville. Elle inspire profondément et la vie lui parait alors si simple et si limpide, qu'un élan d'amour, comme un désir d'aider l'humanité entière, la submerge tout à coup.


[Amélie prend l'aveugle par le bras et l'amène au métro]
Amélie Poulain : Venez j'vais vous aider. On descend Et Hop c'est parti ! Là on croise la veuve du tambour de la fanfare. Elle porte l'apparence de son mari depuis qu'il est mort. Attention Hop ! Tiens l'enseigne de la boucherie chevaline a perdu une oreille. Ce rire c'est celui du mari de la fleuriste, il a des petites rides de malice au coin des yeux. Oh dans la vitrine de la pâtisserie y'a des sucettes pierrot Gourmand ! Humm vous sentez ce parfum ? C'est Péponne qui fait goûter ses melons aux clients. Ah, chez Marion, ils font de la glace aux calissons. On passe devant la charcuterie : 79 le jambon à l'os, 45 le travers demi sec. On arrive chez le fromager 12,90 les picotouls de l'Ardèche et 23,90 le capitoul du Poitou. Chez le boucher, il y a un bébé qui regarde un chien qui regarde les poulets rôtis. Voilà, maintenant on est devant le petit kiosque à journaux, juste devant l'entrée du métro. Et moi je vous laisse ici. Au revoir.

Marchande de journaux : Quel malheur pour une fois qu'une princesse était jeune et jolie...
Amélie : Vous voulez dire que si elle avait été vieille et moche c’était moins grave ?
Marchande : Bah oui quand même ! Regardez mère Thérésa.

Amélie : Vous savez, la fille au verre d'eau, si elle a l'air un peu à côté, c'est p'têt parce qu'elle est en train de penser à quelqu'un.
Dufayel : A quelqu'un du tableau ?
Amélie : Non, plutôt à un garçon qu'elle a croisé ailleurs. Mais elle a l'impression qu'ils sont un peu pareils, elle et lui.
Dufayel : Ah, autrement dit, elle préfère s'imaginer une relation avec quelqu'un d'absent, que de créer des liens avec ceux qui sont présents ?
Amélie : Non... P'têt même qu'au contraire elle se met en quatre pour arranger les cafouillages de la vie des autres.
Dufayel : Mais elle, les cafouillages de la sienne de vie, qui va s'en occuper ?

Amélie : Et votre livre sinon, c'est une histoire d'amour ?
Hipolito : Nan c'est... C'est l'histoire d'un type qui écrit son journal. Seulement au lieu d'écrire au fur et à mesure ce qui lui arrive, il écrit à l'avance la version catastrophe de ce qui pourrait lui arriver. Du coup ça le déprime et donc... il fait rien.
Gina : Bref en gros c'est l'histoire d'un type qui fait rien.

http://www.replikultes.net/films/fiches/43/le_fabuleux_destin_d_amelie_poulain/repliks/

Aucun commentaire:

À nos amours